Dubito ergo sum

Croisée des incertitudes : la journée d’hier (10 Décembre) m’a laissé bien interdit. D’un côté l’affirmation de l’ADIUT très confiante, proclamant victoire après la réunion du comité de suivi ; de l’autre des doutes : ce cadre national à définir pour le contrat d’objectifs et de moyens, lequel évoque d’ailleurs les obligations des I.U.T. pour oublier carrément les moyens. Sans même évoquer le silence sur la dimension nationale que nous entendons préserver des diplômes et du programme !
Qui croire ? Ce comité de suivi qui devra définir la consolidation nationale de ces moyens ? Mais comment faire confiance ? Notre ministre qui se flatte à l’Assemblée d’une augmentation sans précédent des budgets alloués aux universités ?
Communication ou mensonge ?
On glose beaucoup, pour s’en enorgueillir parfois, de la fougue et habileté communicationnelle de nos dirigeants – du premier d’entre tous, notamment !
Mais n’est-ce pas ceux-là, précisément, qui nous promirent la revalorisation de la valeur travail, par le truchement du fallacieux travailler plus, qui aboutit pourtant à son indéniable dégradation -via le refus de toute augmentation des revenus autrement que par des heures supplémentaires bien hypothétiques, d’ailleurs ? Ne sont-ce pas ceux-là encore qui proclament avec un bel aplomb – où la fatuité le dispute au cynisme le plus accompli – combien le travail le dimanche et la retraite à 70 ans représentent un réel progrès social !
Alors effectivement pourquoi pas ces propos lénifiants de V Pécresse sur l’avenir des IUT ?
Tendance actuelle dont se repaît goulument la presse, mais qui reste la marque de fabrique du pouvoir : l’antiphrase. Parler dans un sens ! Agir à l’inverse !
Je veux bien qu’au nom de la modernité et de l’habileté on s’en émerveille comme des miracles de la communication ! De mon temps, on appelait cela mensonge !
Tout simplement !
Du verbe haut à la réalité honteuse
Qui croire ?
Pourquoi pas plutôt les présidents de Paris Sud Orsay et Montpellier III , qui tous deux alertent sur la réalité d’une DGF en baisse mais avec des charges en hausse (prime d’encadrement doctoral, allocations de recherche…) sans compter évidemment les futures rétrocessions de postes ! Les universités qui se croyaient sous dotées, par un magique tour de passe-passe se voient sur dotées et l’on observe que les crédits alloués dans le cadre du plan Réussite en licence serviront, de fait, au fonctionnement !
Pourquoi pas, plutôt, Gilles Beréziat lorsqu’il dénonce les quelques 27 suppressions à venir pour Paris Descartes, 29 pour Paris Sud ? qui dénonce cette partie de bonneteau où « la tactique est simple, imposer aux grandes universités une masse salariale plancher minimale et renvoyer les marges de manœuvre nécessaires à une négociation contractuelle qui surviendra plus tard. »
Réforme du statut des enseignants chercheurs et remise en question des I.U.T. sont liés !
Il faut quand même comprendre que derrière la révision générale des politiques publiques , combien sous les engagements glorieux en faveur de la recherche, il n’y a finalement qu’une politique de gribouille, qu’une comptabilité d’Harpagon de sous-préfecture ! La présidente de Montpellier III montre bien que le rapprochement entre la DGF et le nouveau statut des enseignants-chercheurs aboutit, de fait, à intégrer le budget des heures complémentaires dans les services statutaires ! Les universités, fières à juste titre de leurs projets, tout auréolées de leur nouvelle autonomie en trompe-l’œil, devront bien financer tout ceci : comment le faire autrement, sinon en doublant, chaque fois que ce sera possible, les services statutaires ?
La modulation des services, quitte à jeter l’opprobre universitaire sur les non publiants , est une fabuleuse opportunité permettant demain d’assurer demain plus de cours à budget constant !
C’est une erreur manifeste de séparer la lutte pour les I.U.T. de celle des enseignants chercheurs contre la révision du décret de 84 ! Ces deux offensives trouvent leur sens dans le même contexte général du désengagement de l’état !
C’est une erreur manifeste que de suivre l’ADIUT dans sa gestion corporatiste d’un Homais étriqué !
Où est le projet universitaire pour les I.U.T. ? Dans la seule préservation des moyens ? Nécessaire, certes, mais aveugle si elle ne se double pas d’une démarche globale ? Dans l’ignorance avaricieuse de la destruction générale des politiques publiques ? Sûrement non !
Faire confiance en un ami qui vous a déjà trompé ?
C’est un certain Descartes qui écrivit cela ! Descartes ! Cela devrait nous évoquer quelque chose, non ?

================ Pierre-Michel Simonin. IUT Paris Descartes

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